Le gros de l'heure de pointe
Quand je quitte le garage, je me dirige vers le poste en avant du métro Laurier. J'aime bien m'installer là pour observer les gens, faire un peu de lecture et attendre que le gros de l'heure de pointe passe.
Je pars donc de La Petite-Patrie et prends Bellechasse vers l'est pour aller descendre Chateaubriand et aller rejoindre Laurier en passant par Saint-Hubert, Saint-Grégoire et Berri. Je fais ça pratiquement tous les jours, je pourrais vous géolocaliser chaque nid de poules et vous dire à quel degré d'orangé sont les arbres qui bordent le parcours.
Ce jour-là, je fais du parechoc à parechoc sur Bellechasse. Auparavant, on pouvait rouler deux véhicules de largeur. C'était avant qu'on emménage un espace pour une piste cyclable où ne se trouve pour le moment aucun vélo. Alors que je rentre mes coordonnées dans l'ordinateur de bord, l'auto devant moi décolle puis freine brusquement. Pour éviter de le tamponner, je braque sur la piste cyclable et freine à mon tour pour laisser passer un piéton à qui j'envoie la main. Une fois sa traversée terminée, je reste sur la droite et comme il n'y a pas l'ombre d'un vélo à l'horizon, je roule jusqu'au coin de Chateaubriand et m'arrête à la lumière. C'est alors que je vois le type de la voiture que je viens d'éviter sortir de son char.
Je fais comme si de rien n'était quand il frappe deux grands coups dans ma fenêtre. Le gars est gonflé et énervé pas à peu près. J'ouvre ma fenêtre pour savoir les tenants et aboutissants de sa frustration.
— Veux-tu que j't'en crisse une mon astie de trou de cul!?
— C'est quoi le problème?
Je joue au cave, surtout que le gros a une veine qui lui bouge dans le front. Ça ne fait pas de doute dans mon esprit que l'agressivité du gars est catalysée par les stéroïdes qu'il se tape. Je le laisse continuer en tentant d'avoir la face de celui qui ne sait pas ce qui se passe.
— T'as passé sur la piste cyclable! Tu sais pas chauffer!
Je m'aperçois que le gars a un col roulé avec le logo de la Société des transports de Montréal dessus. Je songe que c'est probablement un de ces agents qui se la joue 24 heures sur 24. Un « wannabe» boeuf. Comme la lumière change, je remonte ma fenêtre et passe proche de lui dire que ce qu'il prend atrophie les testicules, mais je me retiens. De rire surtout.
L'individu va me suivre un moment et tenter de continuer la conversation en s'arrêtant à côté de moi au feu suivant. Je l'ignore royalement ce qui n'a pas l'air de le calmer. Il me montre le poing puis ensuite un doigt que je me fais un honneur d'ignorer.
Au feu suivant, je laisse un autre piéton passer et c'est à son tour de passer proche de me frapper. J'imagine avoir à remplir un constat amiable avec Monsieur hormone au plancher.
Heureusement, il finit par abandonner et je poursuis mon petit bonhomme de chemin dans le gros de l'heure de pointe.
Je pars donc de La Petite-Patrie et prends Bellechasse vers l'est pour aller descendre Chateaubriand et aller rejoindre Laurier en passant par Saint-Hubert, Saint-Grégoire et Berri. Je fais ça pratiquement tous les jours, je pourrais vous géolocaliser chaque nid de poules et vous dire à quel degré d'orangé sont les arbres qui bordent le parcours.
Ce jour-là, je fais du parechoc à parechoc sur Bellechasse. Auparavant, on pouvait rouler deux véhicules de largeur. C'était avant qu'on emménage un espace pour une piste cyclable où ne se trouve pour le moment aucun vélo. Alors que je rentre mes coordonnées dans l'ordinateur de bord, l'auto devant moi décolle puis freine brusquement. Pour éviter de le tamponner, je braque sur la piste cyclable et freine à mon tour pour laisser passer un piéton à qui j'envoie la main. Une fois sa traversée terminée, je reste sur la droite et comme il n'y a pas l'ombre d'un vélo à l'horizon, je roule jusqu'au coin de Chateaubriand et m'arrête à la lumière. C'est alors que je vois le type de la voiture que je viens d'éviter sortir de son char.
Je fais comme si de rien n'était quand il frappe deux grands coups dans ma fenêtre. Le gars est gonflé et énervé pas à peu près. J'ouvre ma fenêtre pour savoir les tenants et aboutissants de sa frustration.
— Veux-tu que j't'en crisse une mon astie de trou de cul!?
— C'est quoi le problème?
Je joue au cave, surtout que le gros a une veine qui lui bouge dans le front. Ça ne fait pas de doute dans mon esprit que l'agressivité du gars est catalysée par les stéroïdes qu'il se tape. Je le laisse continuer en tentant d'avoir la face de celui qui ne sait pas ce qui se passe.
— T'as passé sur la piste cyclable! Tu sais pas chauffer!
Je m'aperçois que le gars a un col roulé avec le logo de la Société des transports de Montréal dessus. Je songe que c'est probablement un de ces agents qui se la joue 24 heures sur 24. Un « wannabe» boeuf. Comme la lumière change, je remonte ma fenêtre et passe proche de lui dire que ce qu'il prend atrophie les testicules, mais je me retiens. De rire surtout.
L'individu va me suivre un moment et tenter de continuer la conversation en s'arrêtant à côté de moi au feu suivant. Je l'ignore royalement ce qui n'a pas l'air de le calmer. Il me montre le poing puis ensuite un doigt que je me fais un honneur d'ignorer.
Au feu suivant, je laisse un autre piéton passer et c'est à son tour de passer proche de me frapper. J'imagine avoir à remplir un constat amiable avec Monsieur hormone au plancher.
Heureusement, il finit par abandonner et je poursuis mon petit bonhomme de chemin dans le gros de l'heure de pointe.