Refaire son nid
Ça fait maintenant plus d’une semaine que je ne n’ai pas affronté les rue de la ville. Que j’ai troqué les nids-de poule et mes oiseaux de nuit pour me faire réveiller par ceux du petit matin. Faut dire qu’où je suis maintenant, dans cette petite maison près de la rivière, ça piaille en masse. Je suis encerclé d’arbres qui chantent. Ça change des bruits de Montréal.
Il n’y a pas si longtemps, les gens de la ville venaient ici passer leurs vacances d’été. En bas de la Grande-Côte il y avait quelques chemins de terre qui descendaient vers la rivière des Mille-Îles. Ici et là à travers les champs on retrouvait quelques petits chalets saisonniers. Souvent à ce temps-ci de l’année, la rivière sortait de son lit et venait inonder ces basses terres. Ça n’a pas empêché les gens de venir s’y établir de plus en plus nombreux. Avec le temps les petits chemins de terre sont devenu des avenues de « garnotte » et entre les chalets et les champs, des petits bungalows se sont mis à apparaître. La campagne se transformait lentement en banlieue. C’est là que petit gars, je me suis ramassé, que j’ai grandi.
Je me souviens lors des crues du printemps, avec les autres enfants du coin, on se trouvait des vieilles planches pour se construire des radeaux. Pour peu on se serait cru dans les bayous. Quand lentement les eaux se retiraient, des centaines de poissons se retrouvaient prisonniers dans des lacs de plus en plus petits. C’était l’occasion rêvée de faire des pêches miraculeuses. Pendant ce temps, les pompes fonctionnaient sans cesse pour empêcher les caves de se remplir d’eau. Parfois y’avait rien à faire. Je me souviens de nombreux été à pelleter et étendre de la terre pour élever le niveau du terrain. Un été ça en fut trop, papa avait été obligé de faire lever la maison. Pour le faire, on avait ôté toute les briques du bungalow que personne n’aurait acheté de toute façon.
Plus tard on a construit une digue en amont. Les inondations ont cessées. La municipalité a couvert d’asphalte les petites avenues et les champs environnants ont lentement disparus. Papa a acheté celui qui se trouvait derrière chez-nous et je l’ai aidé à bâtir une belle petite maison, chaude et solide. Je n’ai pas vécu à proprement parler dans cette maison. Déjà la ville m’avait enjôlée. Ce que cette campagne était devenue ne m’attirait plus, la vie de banlieue ne me disait rien. N’empêche que cet endroit, ça reste encore et beaucoup chez-nous. J’y ai vécu de très bons moments. Quand je regarde dans la cour, je vois la maison où j’ai grandi et les champs autour ont beau avoir disparu, mes souvenirs d’enfance ne se sont pas effacés et bien entendu, beaucoup d’autres s’y sont greffés.
Depuis le décès de papa, cette petite maison est devenue bien grande. Si je me retrouve ici aujourd’hui, c’est que maman vient de la vendre. Le temps est venu pour elle de passer à autre chose, de changer de demeure, de se refaire un autre petit nid douillet.
Je vais passer les prochaines semaines en sa compagnie pour l’accompagner dans ce déménagement. Beaucoup, beaucoup de souvenirs à ressasser et à mettre en boîte…
Je délaisse donc le taxi pour quelque temps.
Je tenterai de venir de temps à autre vous écrire un petit quelque chose. ;-)
Il n’y a pas si longtemps, les gens de la ville venaient ici passer leurs vacances d’été. En bas de la Grande-Côte il y avait quelques chemins de terre qui descendaient vers la rivière des Mille-Îles. Ici et là à travers les champs on retrouvait quelques petits chalets saisonniers. Souvent à ce temps-ci de l’année, la rivière sortait de son lit et venait inonder ces basses terres. Ça n’a pas empêché les gens de venir s’y établir de plus en plus nombreux. Avec le temps les petits chemins de terre sont devenu des avenues de « garnotte » et entre les chalets et les champs, des petits bungalows se sont mis à apparaître. La campagne se transformait lentement en banlieue. C’est là que petit gars, je me suis ramassé, que j’ai grandi.
Je me souviens lors des crues du printemps, avec les autres enfants du coin, on se trouvait des vieilles planches pour se construire des radeaux. Pour peu on se serait cru dans les bayous. Quand lentement les eaux se retiraient, des centaines de poissons se retrouvaient prisonniers dans des lacs de plus en plus petits. C’était l’occasion rêvée de faire des pêches miraculeuses. Pendant ce temps, les pompes fonctionnaient sans cesse pour empêcher les caves de se remplir d’eau. Parfois y’avait rien à faire. Je me souviens de nombreux été à pelleter et étendre de la terre pour élever le niveau du terrain. Un été ça en fut trop, papa avait été obligé de faire lever la maison. Pour le faire, on avait ôté toute les briques du bungalow que personne n’aurait acheté de toute façon.
Plus tard on a construit une digue en amont. Les inondations ont cessées. La municipalité a couvert d’asphalte les petites avenues et les champs environnants ont lentement disparus. Papa a acheté celui qui se trouvait derrière chez-nous et je l’ai aidé à bâtir une belle petite maison, chaude et solide. Je n’ai pas vécu à proprement parler dans cette maison. Déjà la ville m’avait enjôlée. Ce que cette campagne était devenue ne m’attirait plus, la vie de banlieue ne me disait rien. N’empêche que cet endroit, ça reste encore et beaucoup chez-nous. J’y ai vécu de très bons moments. Quand je regarde dans la cour, je vois la maison où j’ai grandi et les champs autour ont beau avoir disparu, mes souvenirs d’enfance ne se sont pas effacés et bien entendu, beaucoup d’autres s’y sont greffés.
Depuis le décès de papa, cette petite maison est devenue bien grande. Si je me retrouve ici aujourd’hui, c’est que maman vient de la vendre. Le temps est venu pour elle de passer à autre chose, de changer de demeure, de se refaire un autre petit nid douillet.
Je vais passer les prochaines semaines en sa compagnie pour l’accompagner dans ce déménagement. Beaucoup, beaucoup de souvenirs à ressasser et à mettre en boîte…
Je délaisse donc le taxi pour quelque temps.
Je tenterai de venir de temps à autre vous écrire un petit quelque chose. ;-)
18 Comments:
ça vous va bien la nature. C'est frais, léger, ça change de la neige et de la vie matérielle.
merci.
J'ai l'impression qu'on a grandi dans le même coin... Est-ce que par hasard, Beau Dommage en aurait fait une chanson ? Si ce n'est pas ça ça y ressemble beaucoup.
J'aime toujours autant te lire. Merci :-)
je vous lis souvent, avec plaisir et délectation, comme le dessert de ma journée.
je vous souhaite plein de courage pour ce moment pour le moins pas des plus faciles
pascal
Retour à la source pour emballer des souvenirs dans des boites de carton... Pas facile à vivre.
Bon courage Pierre-Léon.
Guylaine R.
J'ai aussi des souvenirs de jeunesse comme les tiens. Ça réchauffe le coeur.
bon «ressassage» de souvenir...
Bon pour toi Pierre Léon!
Du bon temps en compagnie de ta maman et en plus pas de nid de poules à éviter!
Bonne semaine!
Une lectrice de longue date... mais secrète. ;o) Monique
Je vous souhaite bonne chance.
On vit presentement la meme chose et je sais a quel point c'est difficile par moment. Les choix sont parfois dechirants. Quitter des lieux remplis de souvenirs. Ce departir de certains biens materiels. On a beau dire que dans la vie le materiel n'a pas d'importance... mais lorsque l'on tient dans nos mains certaines choses qui ont appartenu a un proche disparus, c'est toujours emouvant de les abandonner.
Profiter de chaque minutes et si vous avez peur que votre memoire flanche avec le temps, photographier ce que ne pourrez garder. Et n'oublier pas de dire a votre mere que vous l'aimer.
Bon déménagement Pierre-Léon,
Profite bien de ces moments avec ta mère.
Ramasser les souvenirs c'est émouvant, mais je crois que ca vaut de l'Or.
Les effacer ses souvenirs ca c'est triste.
Que la vie peut être belle quand on le mérite ...
C'est une autre étape dans votre vie, avec ce que ça comprend d'émotions, belles, douloureuses, tristes ou pleines de vie. Je sais que tu prendras le temps de bien faire les choses, pour ta maman et pour toi. Je te souhaite que du bon, Pierre-Léon, que du bon... Bises et gros câlins
Beaucoup de nostalgie dans votre ''voix'' c'est temps ci.
Prenez soin de vous.
Merci de partager ces sentiments si émouvants. Merci d'être ''mon moment'' de la journée. Vous faites parti de ma routine.
Vous me manquez déjà dans les rues de montréal, et dans mon salon.
Grosse job de mettre du passé en boites. Boites dont plusieurs ne seront plus jamais ouvertes, même si au moment de les faire on a l'impression de ranger des trésors. C'était une vie, ce n'est pas la vie.
Sacré boulot oui ; peut être entre deux cartons, aller humer l'air du lac pour écouter ce que les poissons ont à dire, ou les arbres. Ils en ont vu tellement !
Avec les responsabilités et la "vitesse" de la vie.. les souvenirs sont là pour nous rappeler "à soi et nos rêves".
Véga
Moi aussi je trouve que ça vous va bien la nature... Les z'oiseaux, piou piou.
Plein de becs!
Chroniques B.
Ah, on sent la légèreté de l'être par l'attachement que vous avez à votre famille. On sent les racines qui sont bien solides, un encrage... Bon déménagement !
u welcopme pl
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