Embrasser la nuit
La nuit est belle, idéale pour les longues marches nonchalantes sous les étoiles, du moins les rares qu'on peut apercevoir dans le ciel de la métropole. Je laisse mes confrères se disputer les rares clients dans les rues de la ville et vais m'installer sur un poste qui donne sur la Catherine dans l'ouest. J'ai un roman policier entre les mains, mais j'observe surtout les passants déambuler devant mes yeux. La faune montréalaise dans toute sa splendeur, dans toute sa diversité, dans toute sa déchéance aussi. Y' a bien quelques spécimens aux attributs notables qui détournent l'attention ici et là, mais pour le moment mon regard s'est fixé sur une Amérindienne qui fait la manche de l'autre côté de la rue. Rien de subtil dans sa démarche ivrogne, dans sa façon d'aborder les gens qui font de grandes enjambées pour l'éviter. Après quelques tentatives infructueuses, la femme reste immobile quelques secondes, titube et se remet à marcher pour éviter de tomber.
Je prends alors un appel pour la rue St-Marc. Je me parque devant l'adresse, attends deux minutes et sors du taxi pour aller sonner. Le vestibule de ce vieil immeuble n'a pas changé depuis une bonne cinquantaine d'années sinon plus. Les couches de peinture successives ont fait en sorte qu'il est plus petit qu'avant, mais ce sont les mêmes boites aux lettres, les mêmes sonnettes, le même plafonnier et le même vieux radiateur qui décorent l'endroit depuis des décennies. Je sonne trois petits coups rapides et sors attendre dehors. Alors que j'étire mes courbatures, je vois une jeune fille sortir de l'immeuble. Elle semble avoir l'âge d'être encore obligée de présenter de fausses cartes pour entrer dans les bars. Malgré qu'elle porte un t-shirt des Misfits, je devine une petite fille de bonne famille. Je ne suis pas surpris quand elle me demande de la conduire à l'île des Soeurs.
À peine la course amorcée elle sort son téléphone et elle se met à raconter sa soirée à une copine. Elle parle du garçon avec qui elle a passé sa soirée. Évidemment, je n’en perds pas une miette en remplissant facilement les blancs de ce dialogue. C'est l'histoire de deux amis d'école qui deviennent lentement amoureux l'un de l'autre. Ma passagère raconte l'évolution de la soirée jusqu'au moment fatidique, le premier baiser. Elle est fébrile et donne tous les détails à sa copine qui comme moi est toute oreille. La course se termine avant la conversation. Elle me paie en rougissant un peu lorsque je lui souris. Je retourne en ville, attendris par cette conversation et je songe aux baisers que me prodigue ma nouvelle amoureuse.
La nuit est belle. Ça donne envie de prendre de longues marches nonchalantes dans les rues de la ville et de regarder briller les étoiles dans les yeux de l'être cher.
Je prends alors un appel pour la rue St-Marc. Je me parque devant l'adresse, attends deux minutes et sors du taxi pour aller sonner. Le vestibule de ce vieil immeuble n'a pas changé depuis une bonne cinquantaine d'années sinon plus. Les couches de peinture successives ont fait en sorte qu'il est plus petit qu'avant, mais ce sont les mêmes boites aux lettres, les mêmes sonnettes, le même plafonnier et le même vieux radiateur qui décorent l'endroit depuis des décennies. Je sonne trois petits coups rapides et sors attendre dehors. Alors que j'étire mes courbatures, je vois une jeune fille sortir de l'immeuble. Elle semble avoir l'âge d'être encore obligée de présenter de fausses cartes pour entrer dans les bars. Malgré qu'elle porte un t-shirt des Misfits, je devine une petite fille de bonne famille. Je ne suis pas surpris quand elle me demande de la conduire à l'île des Soeurs.
À peine la course amorcée elle sort son téléphone et elle se met à raconter sa soirée à une copine. Elle parle du garçon avec qui elle a passé sa soirée. Évidemment, je n’en perds pas une miette en remplissant facilement les blancs de ce dialogue. C'est l'histoire de deux amis d'école qui deviennent lentement amoureux l'un de l'autre. Ma passagère raconte l'évolution de la soirée jusqu'au moment fatidique, le premier baiser. Elle est fébrile et donne tous les détails à sa copine qui comme moi est toute oreille. La course se termine avant la conversation. Elle me paie en rougissant un peu lorsque je lui souris. Je retourne en ville, attendris par cette conversation et je songe aux baisers que me prodigue ma nouvelle amoureuse.
La nuit est belle. Ça donne envie de prendre de longues marches nonchalantes dans les rues de la ville et de regarder briller les étoiles dans les yeux de l'être cher.
6 Comments:
so romantic
N'empêche que quand on se dénude devant une fille, on se dénude devant toutes ses copines aussi.
Z'avez une très belle plume m' sieur... Je me suis tappé une heure de lecture! xx
J'aimerais beaucoup savoir, en tant que bachelière en littérature, ce que M. Pierre-Léon qui m'impressionne tant peut bien lire en matière de roman policier. ;)
C'est ma découverte du jour...
Encore bravo votre blog est un régal...
MlleV, créatrice de
http://www.lescontemplatives.com
Mon dieu tu écris tellement bien! C'est ma première visite et je vais y revenir, c'est certain!
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