Lendemain de veille
Pour les chauffeurs de taxi, la nuit de la veille du Nouvel An, c'est comme la cerise sur le gâteau du mois de décembre. Un vrai fantasme qui arrive seulement une fois par année. Les passagers se succèdent à un tel rythme, qu'un moment donné, ils se confondent tous. En même temps, ils sont heureux, sont emphatiques du fait que nous travaillons, les pourboires sont bons et malgré la frénésie, c'est difficile de ne pas y trouver son compte.
C'est le lendemain que la réalité nous rattrape. Le jour et la nuit...
Ce soir-là, j'ai dormi une heure de plus. Les 15 heures sur la route de la veille m'étaient rentrées dedans. J'ai pris une douche rapide et suis allé rejoindre ma famille pour le souper du jour de l'An. Que du bon, mais un peu trop. J'ai quitté les miens vers 21 heures avec un sale mal de ventre. Je suis rentré rapidement pour me changer et me prendre quelques antiacides avant de reprendre la route.
J'ai roulé une bonne demi-heure pour me rendre compte que la soirée serait longue. La température douce n'aiderait en rien. La quantité de taxis non plus. Comme moi, bon nombre de chauffeurs avaient du louer leur véhicule pour tout le reste du week-end. Mauvaise idée. Voyant ça, j'ai décidé d'aller m'installer sur un poste et attendre un appel. Beaucoup mieux que de brûler de l'essence pour rien. En me stationnant, je me dis qu'après mon premier appel, faudrait que je songe à aller remplir le réservoir. La jauge est brisée et comme j'ai beaucoup roulé la veille, le Malibu doit commencer à avoir soif.
Je reste sur le poste près d'une heure. C'est complètement débile, j'en viens à penser que les profits de la veille vont vite s'engouffrer dans le manque à gagner des deux prochaines nuits. Je tente de me changer les idées en lisant la BD de mon ami Siris, mais ma réserve de patience s'amenuise rapidement. Je m'apprête à repartir pour changer le mal de place quand un appel s'affiche enfin sur l'écran de mon terminal. Je démarre alors le taxi qui s'étouffe aussitôt. Panne sèche.
Je vous fais grâce de la série de sacres que j'ai proférés à ce moment-là. Le pire est que je n'avais que moi à blâmer, mais de la manière dont ça se présentait ce soir-là, c'est comme si c'était dans l'ordre des choses. J'ai rappelé le central pour leur signaler ma panne et je suis sorti du taxi avec ma peine pour aller chercher de l'essence à quelques coins de là. J'informe le chauffeur derrière moi qu'il tombe premier, étonnement, il m'offre gentiment de m'amener à la station-service.
Je fais la connaissance de Mohamed qui en est à sa première semaine sur la route. Intérieurement, je me dis qu'un vieux chauffeur n'aurait pas été aussi avenant. Il me pose quelques questions sur l'ouvrage et me demande si c'est toujours aussi tranquille les samedis soirs. J'y vais de quelques hypothèses lorsque son terminal carillonne un appel. Sûrement celui que je viens de perdre. Il me dépose quand même devant les pompes avant de repartir en trombe.
Je demande au gars derrière son comptoir si je peux emprunter un bidon de secours. Il fait une moue qui en dit long. Du regard, il m'indique une étagère où se trouve ledit objet. Avec les taxes, c'est 15$ de plus que je vais perdre. Le commis n'en a rien à foutre. En fait, un gars qui a des trous de la grosseur d'un deux dollars dans les lobes ne doit pas avoir grand-chose à foutre de grand-chose.
Je vais donc remplir mon petit bidon quand arrive un autre chauffeur. Il accepte volontiers de me raccompagner à mon taxi en panne en échange du bidon qui ne m'aurait pas servi par la suite de toute façon. Son taxi sent le rance des longues heures passées à rouler. Il me dit qu'il a son compte, qu'il rentre se coucher. Je vide mon petit bidon avant de lui souhaiter bonne nuit. Le taxi redémarre comme si de rien n'était et je repars vers la station pour le remplir à ras bord. J'essaie d'éviter les débordements...
La suite demain...
C'est le lendemain que la réalité nous rattrape. Le jour et la nuit...
Ce soir-là, j'ai dormi une heure de plus. Les 15 heures sur la route de la veille m'étaient rentrées dedans. J'ai pris une douche rapide et suis allé rejoindre ma famille pour le souper du jour de l'An. Que du bon, mais un peu trop. J'ai quitté les miens vers 21 heures avec un sale mal de ventre. Je suis rentré rapidement pour me changer et me prendre quelques antiacides avant de reprendre la route.
J'ai roulé une bonne demi-heure pour me rendre compte que la soirée serait longue. La température douce n'aiderait en rien. La quantité de taxis non plus. Comme moi, bon nombre de chauffeurs avaient du louer leur véhicule pour tout le reste du week-end. Mauvaise idée. Voyant ça, j'ai décidé d'aller m'installer sur un poste et attendre un appel. Beaucoup mieux que de brûler de l'essence pour rien. En me stationnant, je me dis qu'après mon premier appel, faudrait que je songe à aller remplir le réservoir. La jauge est brisée et comme j'ai beaucoup roulé la veille, le Malibu doit commencer à avoir soif.
Je reste sur le poste près d'une heure. C'est complètement débile, j'en viens à penser que les profits de la veille vont vite s'engouffrer dans le manque à gagner des deux prochaines nuits. Je tente de me changer les idées en lisant la BD de mon ami Siris, mais ma réserve de patience s'amenuise rapidement. Je m'apprête à repartir pour changer le mal de place quand un appel s'affiche enfin sur l'écran de mon terminal. Je démarre alors le taxi qui s'étouffe aussitôt. Panne sèche.
Je vous fais grâce de la série de sacres que j'ai proférés à ce moment-là. Le pire est que je n'avais que moi à blâmer, mais de la manière dont ça se présentait ce soir-là, c'est comme si c'était dans l'ordre des choses. J'ai rappelé le central pour leur signaler ma panne et je suis sorti du taxi avec ma peine pour aller chercher de l'essence à quelques coins de là. J'informe le chauffeur derrière moi qu'il tombe premier, étonnement, il m'offre gentiment de m'amener à la station-service.
Je fais la connaissance de Mohamed qui en est à sa première semaine sur la route. Intérieurement, je me dis qu'un vieux chauffeur n'aurait pas été aussi avenant. Il me pose quelques questions sur l'ouvrage et me demande si c'est toujours aussi tranquille les samedis soirs. J'y vais de quelques hypothèses lorsque son terminal carillonne un appel. Sûrement celui que je viens de perdre. Il me dépose quand même devant les pompes avant de repartir en trombe.
Je demande au gars derrière son comptoir si je peux emprunter un bidon de secours. Il fait une moue qui en dit long. Du regard, il m'indique une étagère où se trouve ledit objet. Avec les taxes, c'est 15$ de plus que je vais perdre. Le commis n'en a rien à foutre. En fait, un gars qui a des trous de la grosseur d'un deux dollars dans les lobes ne doit pas avoir grand-chose à foutre de grand-chose.
Je vais donc remplir mon petit bidon quand arrive un autre chauffeur. Il accepte volontiers de me raccompagner à mon taxi en panne en échange du bidon qui ne m'aurait pas servi par la suite de toute façon. Son taxi sent le rance des longues heures passées à rouler. Il me dit qu'il a son compte, qu'il rentre se coucher. Je vide mon petit bidon avant de lui souhaiter bonne nuit. Le taxi redémarre comme si de rien n'était et je repars vers la station pour le remplir à ras bord. J'essaie d'éviter les débordements...
La suite demain...
2 Comments:
Ça sonne comme un chemin de Croix ...
:-)
Bonne année le jeune !
tabarnac
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