1.7.06

La Maudite Machine

On est jamais content. Y'a toujours de quoi, quelqu'un, quelque chose qui nous frustre et des "full frus" j'en ai ma dose pendant la nuit. Avec quelques verres de trop, une personne terre à terre se transforme assez vite en vrai cave voire en homme de caverne. Faut faire avec, pas les prendre à rebrousse poil et les conforter dans leurs doléances même si on croit pas deux secondes ce qu'on raconte.

- T'as raison c'est toutes des salopes.

- Mais oui on est tous des trous de culs.

- Tout a fait d'accord, t'as ben raison, mets-en, à qui le dis-tu, c'est clair, j'comprends donc, absolument, c'est pas moi qui va te contredire la dessus, etc. etc.

Ils peuvent sortir tout le méchant qu'ils veulent, je ne dirai pas le contraire. À quoi bon ? Pourquoi j'm'attirerais les foudres d'un individu à côté de ses pompes en lui disant qu'il à tort? Je ne ferais que mettre du gaz sur le feu. Ça vaut pas le coût, j'en ai pas le goût.


Dans la catégorie à prendre avec des pincettes à part les soûlons, y'a ceusses qui viennent de se faire remorquer leur voiture. Vous savez, la petite maudite pancarte qu'on voit jamais dans le fond du stationnement quand on se parque mais qu'on lit toujours avec intérêt quand l'auto n'est plus là? Ça arrive assez régulièrement qu'on amène des clients vers les fourrières et ils ne sont pas toujours dans un état d'esprit des plus conciliant. Déjà que leur soirée leur à coûté cher, la facture pour reprendre possession de leur véhicule est toujours assez salée et le prix de la course de taxi pour s'y rendre semble toujours être la goutte qui fait déborder le vase. C'est toujours trop loin, trop cher, trop lent... Faut être gentil, mettons.

Ce soir j'embarque une dame qui doit aller à la fourrière et pas sitôt assise elle se met à jaser de tout et de rien sur un ton badin et rieur. Je suis étonné de la voir autant de bonne humeur après que son auto se soit fait "kidnapper" et lui en fait la remarque.

- Bien mon cher monsieur, c'est rien ça. Dites-vous que dans le monde au moment où on se parle, y'a des enfants qui meurent de faim.

(...)

J'ai été vraiment touché par les valeurs de cette femme avec qui j'ai eu la chance de causer à batons rompus pendant quelques minutes. À la guérite de la fourrière, elle a offert un magnifique sourire à la préposée qui ne devait certainement pas être habituée à ce genre de traitement derrière sa vitre blindée.

De retour en ville j'ai embarqué un homme qui venait de perdre 250$ dans une machine vidéopoker.

- Astie de christ de machine à marde....

J'pense pas qu'il "filait" pour entendre parler des enfants qui meurent de faim.

On a parlé de maudites machines mais j'avais quand même la tête ailleurs.

8 Comments:

Blogger Unknown said...

Ca c'est ma phrase clé au bureau quand mes employé viennent se plaindre (souvent pour presque rien)
Aie, y'a des enfants qui meurent de faim!

7/01/2006 7:41 AM  
Anonymous Anonyme said...

En fait, c'est ceux qui sont obligés par cause de pépin de prendre le taxi qui sont en maudit.

Quand le char veut pas partir un matin... ;)

Maudite machine à marde.

7/01/2006 7:42 AM  
Blogger Chroniques Blondes said...

Et qui est la personne qui vit le mieux tu penses? Madame Sourire ou monsieur vidéopoker?

yep.

Bonne nuit Pierre Léon. Bonne journée aussi.

7/01/2006 8:02 AM  
Anonymous Anonyme said...

louis-philippe, ça ne doit pas marcher toujours, et j'imagine que ça frustre encore plus tes employés!

rien de pire que se faire dire que son problème vaut pas grand'chose parce qu'ailleurs, y'en a des plus gros. ça règle pas la problématique, surtout que pour les uns, un grain de sable est une montagne, et pour d'autres, ta montagne est un grain de sable!

moi, mon boss me dit toujours: si on est capable d'aller sur la lune, on est capable de le faire!

c'est une autre phrase-clé un peu facile, surtout quand on relativise qu'on est pas allé sur Mars encore, et qu'il y a sûrement des raisons.

voyez ce que je veux dire? tout est question de perspective, au fond.

dommage que pierre léon doive souvent voir les perspectives négatives dans le cadre de son travail, cependant!

7/01/2006 4:17 PM  
Blogger Vertige said...

J'aimerais bien discuter un jour avec un chauffeur de taxi, j'aimerais bien en conduire un même...

Je suis pour le sourrire même si ça n'était que par pur égoisme.

Et oui, il y a des enfants qui meurent, on devrait s'arrêter à y penser plus souvent et verser quelques larmes. Comprendre, puis peut être même agir un tout petit peu, à son niveau de possible. Dommage que ça soit devenu une phrase banale. On oublie si facilement la souffrance des autres...

Bonne route!

7/04/2006 4:51 PM  
Anonymous Anonyme said...

haha, esprit que ca fini comique, exellent raconteur

7/04/2006 11:16 PM  
Blogger Cayenne said...

C'est intéressant.. Évidemment, ce genre de phrase (y'en a qui meurent de faim...) ne règle pas toutes nos angoisses nord-américaines.

Reste qu'on a la chance que de l'avoir bien en tête peut toujours nous aider à minimiser même les pires merdes qui nous arrivent.

7/05/2006 2:24 AM  
Anonymous Anonyme said...

Charmante, cette dame ! :-)

Quant au type, ben, c'est tout de même pas la faute de la machine...

7/08/2006 10:36 AM  

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