22.10.09

Passer au travers

Difficile de prendre ça mou quand les temps sont durs.

La semaine dernière, j'ai passé le cap des 17 ans sur la route. Jamais une année n'a été à ce point tranquille. On tente de rester patient et philosophe, mais y'a des soirées où le goût de tout plaquer se fait sentir.

Dimanche dernier par exemple, je tourne pendant près de deux heures avant de me convaincre d'aller attendre sur un poste. Au moins là, je ne brûlerai pas d'essence pour rien. Patiemment, j'attends encore près d'une heure. Lentement, j'avance premier dans la file et j'attends encore et encore. Finalement, on appelle enfin le poste. Je note l'adresse qu'on me donne et démarre le taxi pour me rendre compte que la batterie est à plat. Je perds l'appel et perds encore de nombreuses minutes à attendre qu'un confrère avec des câbles à survoltage daigne venir m'aider. Je lui donne 10$ et me retrouve encore là, à plat.

Quelques minutes plus tard, une passagère se présente et veut que je la conduise à quelques blocs. Elle aurait bien marché, mais elle a mal à un pied. Je suis loin de prendre le mien quand elle me donne à peine 15 sous de pourboire. Résultat pour les dernières trois heures et demie, 3 dollars dans le rouge.

Le reste de la nuit va aller dans le même sens. Je vais me faire passer un faux 20$, une femme va me raconter une salade toute garnie pour ne pas me payer, les appels se feront rares et se feront voler par des confrères affamés. La joie...

Hier soir j'ai fait 30 dollars pour 10 heures de travail. Je me demande parfois si ce ne serait pas plus payant pour moi de me trouver un coin de rue pour mendier.

Mais bon, quand je vois la file d'attente pour la soupe populaire au carré Berri qui s'allonge jour après jour, je réalise que je suis encore privilégié de faire la rue bien au sec. Je tente de me convaincre que le meilleur reste à venir et que l'hiver qui s'en vient va m'apporter un peu plus de beurre sur le pain.

Je pense aussi à ces Êtres qui le passeront dehors.

Ça aide à passer à travers la nuit.

10 Comments:

Blogger crocomickey said...

Sidéré je suis ...

:-(

10/22/2009 4:33 PM  
Anonymous Sims said...

Ça me rappelle un chauffeur qui me disait que souvent le monde se sauvait au lieu de payer une course de 50$.

Moi je paie tout le temps même si ça coute cher. C'est quand même un travail et pas du bénévolat que vous faites puis vous faire avoir vous êtes comme tout le monde vous trouvez ça chiant. En plus, vous êtes souvent super gentils alors ça vaut la peine de payer :)

En espérant que l'hiver t'apporte un peu plus de clients (payant bien sur :P).

10/22/2009 5:19 PM  
Blogger Prof Malgré Tout said...

Y'a des pneus d'hiver sur les bixi?

10/22/2009 7:44 PM  
Blogger L'impulsive montréalaise said...

Y'a des jours comme ça... Qui sont parfois des périodes comme ça... Je te souhaite que ça s'améliore au plus vite !

10/22/2009 8:21 PM  
Blogger Unknown said...

Ca fait longtemps que je suis aller au resto a chaque fois je prend un taxi a Montréal-nord, a chaque fois après le souper bien arrosé je me met a parler créole dans les quelques mots que je connais et le type rit au boute et me fait jouer sa musique des iles. Super aller Haiti chérit na point mulatré mooun bel grifonne bel créolé. Bonne ride bon tip, c'est comme ça que ca se passe dans mon coin. Bon hivert a tous.

10/22/2009 9:22 PM  
Anonymous Bouquins usagés said...

Freud disait qu'il est nécessaire d'expérimenter le malheur pour mieux mesurer le bonheur. J'imagine que le contraste s'applique également aux périodes financières creuses. Je te souhaite que ça reprenne, je le souhaite à tout le monde sauf quelques escrocs qui s'en tirent en l'étant encore plus!

10/22/2009 11:47 PM  
Anonymous Lychee said...

Il y aura toujours des filles comme moi qui, après minuit, "s'obligent" à prendre un taxi quand elles sont seules. Je tiens toujours cette promesse depuis des années.

J'ai eu l'an dernier la plus belle balade à Montréal en pleine nuit. Je sortais d'un bar dans l'ouest du Vieux. Le chauffeur de taxi écoutait du Richard Desjardins. Quand je suis rentrée dans le taxi, il a voulu changer de musique, probablement pour mettre du boum-boum. Je lui ai dit de laisser Desjardins. Et nous avons rouler comme ça, dans la nuit, en écoutant Richard Desjardins. Je lui ai sans doute laissé trop de pourboire. Mais c'était une expérience magnifique.

Et je reprendrai toujours des taxi, quand je suis seule le soir, juste pour le plaisir d'un tour de voiture en pleine nuit à Montréal...

10/23/2009 1:17 AM  
Blogger Jean-François said...

C'est pas la joie par chez nous aussi. Mais comme tu dis, l'hiver est à nos portes alors patience ! :-)

10/23/2009 5:36 AM  
Anonymous Anonyme said...

J'adore ce blog, je le lis depuis longtemps, tout a fait merveilleux.

10/26/2009 11:28 PM  
Blogger Mélanie Calvé said...

Pas facile en ces temps difficiles :( Y a des jours où tout va mal...

10/28/2009 3:59 PM  

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