Luminothérapie
J'ai l'humeur aussi grise que le temps qu'il fait. La soirée a été aussi ordinaire que d'habitude et les conversations à bord du véhicule tout aussi dépouillées que les arbres de la ville.
Faut dire que je n'y mets pas trop du mien. Surdose de jasage météorologique et tout le monde sait que les conditions déroutent. J'ai bien failli m'énerver quand cet indigné des indignés bien blotti dans son pardessus en mohair puant le vieux cigare s'est demandé pourquoi les forces antiémeutes n'avaient pas encore fait le ménage au carré Victoria. J'ai continué de rouler en écoutant ses idées bien arrêtées.
Et j'ai roulé et encore roulé dans des rues aussi cabossées que mon âme.
À la lumière au coin de Mont-Royal et de Saint-Denis, je m'arrête derrière trois autres taxis tout aussi inoccupés que moi. C'est alors que je la vois.
Derrière la vitrine du restaurant Fameux Smoke-Meat, encadré par un montant de la devanture et deux dos qui lui font face, cette femme est là, assise sur une banquette, assise dans un éclairage qui met sublimement son visage en valeur. Mon regard s'y jette comme un papillon de nuit dans les phares d'une auto qui roule pour nulle part.
Elle regarde les gens assis devant elle, mais elle ne les écoute pas. Elle est là, mais elle est ailleurs. Elle rêve. Je le devine à son regard vaporeux, à son sourire énigmatique. Ça dure quelques secondes, ça dure une éternité. J'ignore où ses pensées se sont accrochées, mais assis dans l'obscurité de mon taxi, je regarde ce visage empli de rêves et de lumière et me mets à rêver à mon tour.
Et la lumière a changé.
Faut dire que je n'y mets pas trop du mien. Surdose de jasage météorologique et tout le monde sait que les conditions déroutent. J'ai bien failli m'énerver quand cet indigné des indignés bien blotti dans son pardessus en mohair puant le vieux cigare s'est demandé pourquoi les forces antiémeutes n'avaient pas encore fait le ménage au carré Victoria. J'ai continué de rouler en écoutant ses idées bien arrêtées.
Et j'ai roulé et encore roulé dans des rues aussi cabossées que mon âme.
À la lumière au coin de Mont-Royal et de Saint-Denis, je m'arrête derrière trois autres taxis tout aussi inoccupés que moi. C'est alors que je la vois.
Derrière la vitrine du restaurant Fameux Smoke-Meat, encadré par un montant de la devanture et deux dos qui lui font face, cette femme est là, assise sur une banquette, assise dans un éclairage qui met sublimement son visage en valeur. Mon regard s'y jette comme un papillon de nuit dans les phares d'une auto qui roule pour nulle part.
Elle regarde les gens assis devant elle, mais elle ne les écoute pas. Elle est là, mais elle est ailleurs. Elle rêve. Je le devine à son regard vaporeux, à son sourire énigmatique. Ça dure quelques secondes, ça dure une éternité. J'ignore où ses pensées se sont accrochées, mais assis dans l'obscurité de mon taxi, je regarde ce visage empli de rêves et de lumière et me mets à rêver à mon tour.
Et la lumière a changé.
15 Comments:
Le gris a lui aussi différents tons.
À la grisaille pâle glacée fait place le gris-blanc du centre-ville qui passera au gris-noir mouillé, le tout en quelques heures à peine. Les rues abonderont de ces messieurs et dames qui ne voudront pas salir leurs belles bottes neuves payées à gros prix.
Et voilà, du coup, happy days are here again pour le taximan!
Merci pour ce beau texte, pour ces emotions, pour cette invitation au reve.
Merci pour cette carte-postal de mots qui nous font rêver! J'aime bien te lire et j'espère que nos commentaires te font sourire un peu :) Je te souhaite quelques courses de grandes valeurs (autant sur le plan financier que sur le plan spirituel ;).
merci,tout simplement merci pour la beauté de vos textes.
merci pour ce moment
merci pour ce texte te souhaiter d'autres moments taxitunes (tasiturnes)
Mercis pour vos bons mots. Je ne reviens pas souvent sur les commentaires mais j'apprécie grandement.
Je suis devenue accro de vos billets. comme dans une boîte de Craker Jack j'ai hâte de déballer le trésor que je vais trouver. Je fais des beaux voyages avec vous et vous en remercie.
Très, trés beau texte...
aussi fatigué que la mystérieuse et la grisaille PL?
Merci pour ces magnifiques textes que vous nous faites partager et ainsi pouvoir faire notre propre littérature du sommeil qui ne sont rien d'autre que nos propres rêves.
Blog webmaster
Nice. Merci
tanné d'écrire cher pierre-leon. il est peut-être temps pour toi de passer a autre chose non?..tanné de revenir jour aprs jours et aucun nouveau billet..ferme ton blogue
Des images fortes qui sortent directement de la rue. Un style franc empreint de poésie retenue et d'émotions pures.
En lien sur www.vivrepleinementleneant.blogspot.com
Très beau. Merci pour tous ces textes.
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