27.4.08
21.4.08
Bâtons élevés
Aujourd’hui en vidant la cabane de jardin, j’ai retrouvé dans l’entre-toit, mes vieux bâtons de hockey. Bien cachés dans les toiles d’araignées entre deux vieux parasols, des poteaux de tente, des râteaux et des outils d’un autre âge, ils attendaient là, patiemment, prêt à entrer dans l’histoire.
Bien qu’il y avait une patinoire extérieure à deux pas de la maison et que je jouais dans une ligue à l’aréna municipal, les meilleurs moments qui me viennent en tête sont ces parties de hockey-balle dans la rue avec les enfants du voisinage. Je me souviens des buts qu’on se bricolait avec des bouts de deux par quatre puis de la broche à clôture. Je me souviens comment ça pinçait de recevoir une balle gelée sur une cuisse. Je me souviens d’avoir été Yvan Cournoyer, Steve Shutt, Guy Lafleur, Larry Robinson et parfois quand il le fallait, Jacques Plante ou Ken Dryden. Incalculable le nombre d’heures passées à user du « Sherwood » sur cette 63e avenue.
7.4.08
Refaire son nid
Il n’y a pas si longtemps, les gens de la ville venaient ici passer leurs vacances d’été. En bas de la Grande-Côte il y avait quelques chemins de terre qui descendaient vers la rivière des Mille-Îles. Ici et là à travers les champs on retrouvait quelques petits chalets saisonniers. Souvent à ce temps-ci de l’année, la rivière sortait de son lit et venait inonder ces basses terres. Ça n’a pas empêché les gens de venir s’y établir de plus en plus nombreux. Avec le temps les petits chemins de terre sont devenu des avenues de « garnotte » et entre les chalets et les champs, des petits bungalows se sont mis à apparaître. La campagne se transformait lentement en banlieue. C’est là que petit gars, je me suis ramassé, que j’ai grandi.
Je me souviens lors des crues du printemps, avec les autres enfants du coin, on se trouvait des vieilles planches pour se construire des radeaux. Pour peu on se serait cru dans les bayous. Quand lentement les eaux se retiraient, des centaines de poissons se retrouvaient prisonniers dans des lacs de plus en plus petits. C’était l’occasion rêvée de faire des pêches miraculeuses. Pendant ce temps, les pompes fonctionnaient sans cesse pour empêcher les caves de se remplir d’eau. Parfois y’avait rien à faire. Je me souviens de nombreux été à pelleter et étendre de la terre pour élever le niveau du terrain. Un été ça en fut trop, papa avait été obligé de faire lever la maison. Pour le faire, on avait ôté toute les briques du bungalow que personne n’aurait acheté de toute façon.
Plus tard on a construit une digue en amont. Les inondations ont cessées. La municipalité a couvert d’asphalte les petites avenues et les champs environnants ont lentement disparus. Papa a acheté celui qui se trouvait derrière chez-nous et je l’ai aidé à bâtir une belle petite maison, chaude et solide. Je n’ai pas vécu à proprement parler dans cette maison. Déjà la ville m’avait enjôlée. Ce que cette campagne était devenue ne m’attirait plus, la vie de banlieue ne me disait rien. N’empêche que cet endroit, ça reste encore et beaucoup chez-nous. J’y ai vécu de très bons moments. Quand je regarde dans la cour, je vois la maison où j’ai grandi et les champs autour ont beau avoir disparu, mes souvenirs d’enfance ne se sont pas effacés et bien entendu, beaucoup d’autres s’y sont greffés.
Depuis le décès de papa, cette petite maison est devenue bien grande. Si je me retrouve ici aujourd’hui, c’est que maman vient de la vendre. Le temps est venu pour elle de passer à autre chose, de changer de demeure, de se refaire un autre petit nid douillet.
Je vais passer les prochaines semaines en sa compagnie pour l’accompagner dans ce déménagement. Beaucoup, beaucoup de souvenirs à ressasser et à mettre en boîte…
Je délaisse donc le taxi pour quelque temps.
Je tenterai de venir de temps à autre vous écrire un petit quelque chose. ;-)
2.4.08
La cravate
— Pis je te l'avais-tu dit ou j'te l'avais pas dit? dit l'homme qui m'a dit où il voulait qu'on se dirige
—...
— Han t'en as eu pour ton ptit change han? J'te l'avais-tu dit où j'te l'avais pas dit?
— Arheu... peine à articuler l'autre gars qui est dans un état de baloune pétée avancé.
Pendant qu'ils font du sur place verbal, je clenche rapidement en direction du centre-ville. J'ai un peu peur que l'hébété se mette à dégobiller, mais tant et aussi longtemps que monsieur "j't'e l'avais tu dit " l'entretient, je crois que je peux continuer de peser dessus.
Les deux hommes sortent d'un club de danseuses dans l'Est puis de toute évidence, celui qui peine à articuler s'est fait payer une sacrée traite. Malgré que l'alcool fausse la donne, on peut lire dans son visage qu'il n'en revient toujours pas. Il a dû se faire faire des choses qu'on peut juste imaginer.
— J'te l'avais dit han? Continue de répéter son confrère qui lui dit à demain quand je le dépose devant un stationnement de la rue Mansfield.
— Han, euh demain? Euh... Arheu.
Je ne lui laisse pas trop le temps de se réorienter. Dès que la porte se referme, je me remets en quatrième vitesse vers Notre-Dame-de-Grâce. Sur l'autoroute Ville-Marie, j'arrive à comprendre qu'il veut aller sur Old Orchard. Il s'écroule ensuite de tout son long sur la banquette. Dans l'état dans lequel il se trouve, j'aurais sans doute pu rouler jusque sur la plage du même nom, aux États. Mais j'ne suis pas sûr que ça me tente de m'éterniser avec lui. Les vautrés se vident souvent le ventre.
Alors qu'on est sur le point d'arriver, j'entends le type derrière qui s'ébroue (dans le toupet). Sur sa rue, il se relève, m'arrête, me met dans la main quelques billets qui couvrent amplement le prix de la course et il sort sans demander son dû. Je ne prends même pas le temps de voir où l'homme entre, du bout de la rue, je l'imagine en train de chercher son trou de serrure.
De retour « Downtown» j'arrête le taxi devant trois filles qui sortent du Cheers sur Mackay. Elles s'assoient toutes les trois derrière et une d'elles nous montre une cravate, celle de mon dernier passager. Une belle cravate bleue avec des CH dessus. Elle est toute fière de sa trouvaille et pousse sa fièvre du hockey jusqu'à se la passer dans le visage en chantant des Go Habs Go.
Je repense alors à la course précédente et me dis que c'est loin d'être un hasard si le type a laissé sa cravate là. Dieu sait par où elle est passée dans la soirée...
Je regarde alors ma fanatique de la Sainte-Flanelle dans mon rétroviseur, je rigole en me disant qu'à sa place je ne me mettrais pas ça dans le visage.
Hier soir, le Canadiens a remporté le titre de sa division et je viens de retrouver cette fameuse cravate dans le fond de mon garde-robe. Je crois que je vais me la mettre autour du cou le temps des séries...