27.11.07

Le prix des libraires

C'est avec beaucoup de joie que je vous annonce qu'Un Taxi la Nuit vient d'être sélectionné dans la catégorie "Roman québécois" pour le prix des libraires du Québec. Je suis pour le moins "flabergasté"! ;-) Encore une fois je tiens à exprimer ma gratitude auprès des gens des éditions du Septentrion avec Gilles Herman et Adeline Corrèze en tête. Je tiens également à remercier les lecteurs qui ont mis leurs yeux dans ces pages.
Merci! merci encore...

26.11.07

Suzie

J'ai commencé la semaine avec une gastro et je la termine avec un rhume. Entre les deux : une tempête de neige, le début des partys de bureau, la pleine lune et un taximan occupé. Mille et une anecdotes à puiser dans ces quelques nuits. Mais ce matin, je vais plutôt vous parler de Suzie.

Suzie est chauffeuse de taxi de nuit depuis trop longtemps. Quand on la voit, on sait presque tout de suite qu'elle traîne avec elle une peine immense. On sent que la nuit est devenu pour elle un refuge pour éviter de montrer sa tristesse au grand jour. On dit qu'il y plus de 20 ans, son mari s'est enfui avec sa petite fille. Un drame qui lui colle à la peau. Mais ce n'est pas à moi de raconter son histoire. Je ne peux que vous parler de ce qui me rapproche de Suzie.

Il y a quelques semaines, j'ai reçu un courriel de Micheline Lanctôt. Elle m'expliquait qu'elle préparait son nouveau film dans lequel elle interprète une chauffeuse de taxi. Elle avait lu quelques billets de ce blogue et me demandait si je pouvais la rencontrer pour lui parler un peu de ce que c'est que cette vie de « reclus ». Au lieu de lui donner un rendez-vous dans un café, je lui ai proposé un tour de ville dans mon vieux taxi. On s'est baladé une couple d'heures dans les rues de Montréal à jaser de son film, mais aussi de tout et de rien. D'imaginaires et de voyages, à travers la ville, à travers la vie. Une rencontre des plus chaleureuses avec cette impression qu'on se connaissait déjà. C'est reconnaissant que je lui ai laissé un exemplaire d'Un Taxi la Nuit avant qu'on se quitte.

La semaine d'après, elle me contactait de nouveau pour m'offrir une petite figuration dans son film. Vous m'y verrez dans un lave-auto en train de laver les vitres de mon taxi. Un rôle assez net qui ne laissera pas de trace! ;-) Surtout une belle expérience dans ce monde pas toujours évident du cinéma. C'est de longues heures entre les prises dans des conditions toujours changeantes. Par exemple, le lave-auto où se tournait la scène se trouve juste à côté d'un chemin de fer. À quelques reprises, il a fallu attendre que le convoi passe avant de reprendre. Une autre fois un client ignorant le tournage est entré pour faire nettoyer son véhicule. Coupez! Autant de minutes envolées sur un tournage au budget plus que limité. Pas toujours facile de décrocher les subventions et d'obtenir le financement adéquat pour avoir les coudées franches. Pas de gros budget pour Suzie. Une petite équipe et beaucoup de sacrifices pour tout le monde.

Ces jours-ci, le tournage se termine et mes pensées accompagnent toute l'équipe. Je présume que cette neige hâtive n'a rien fait pour aider, mais je suis convaincu que ce film sera magique. Ne serait-ce que pour l'énergie, l'enthousiasme et les bons conseils que Micheline Lanctôt dispensait autour d'elle. Plus qu'une grande dame, une grande âme.

22.11.07

La Nébuleuse

Libellés :

19.11.07

Salut Salon!

Le Salon du livre de Montréal se termine aujourd'hui, mais en ce qui me concerne, il est déjà derrière moi. Quelle expérience! Je suis encore sur un espèce de "buzz" et j'ai l'impression que le retour à la réalité sera ardu! J'ai encore la tête pleine des livres que j'y ai vus, pleine des gens que j'y ai côtoyés et rencontrés. Des lecteurs, des écrivains, des blogueurs, des amis dont certains que j'avais perdus de vue depuis longtemps. Beaucoup, beaucoup de bonheurs de toutes sortes.

De mon côté, les séances de signatures furent assez calmes — le livre date quand même de quelques mois—, mais ça m'a donné l'occasion d'échanger un peu plus longuement avec les personnes qui sont venu me voir. D'échanger également avec les gens qui signaient en ma compagnie. J'aurais trop de gens à remercier et à saluer. J'en oublierais sans doute. Je me limiterai à remercier Sophie Imbeault et Carole Corno. Ces deux personnes ont tenu le fort du stand Septentrion. Des heures et des heures passées debout à répondre aux questions des gens et aux demandes des écrivains. Merci encore.

Avant de terminer, je vous invite à vous procurer un exemplaire de la revue Zinc. C'est un spécial blogues et la rédaction m'a gentiment offert d'y participer. J'y commets une petite facétie qui risque de laisser des traces...

Et maintenant, de retour à la programmation normale.

14.11.07

Passez au salon!

Il y a tout juste un an à quelques jours près, je signais un contrat d'édition pour faire publier les textes et photos d'Un Taxi La Nuit. Cette signature restera tout aussi indélébile dans ma mémoire que le chemin parcouru depuis.

Une bien belle aventure qui se poursuit cette semaine lors du Salon du livre de Montréal.

Venez me rencontrer au stand 532 le jeudi 15 novembre de 19 h à 21 h, le samedi 17 novembre de 19 h à 21 h ou le dimanche 18 novembre de 19 h à 21 h

Au plaisir de vous voir!

Libellés :

13.11.07

13 Nord

12.11.07

UTLN sur XTRM

Cet après-midi vers 16h, je vais faire un tour sur le show de Jeff et Nathalie (Lady Marian) sur les ondes satellitaires de XTRM!

Ça va me changer du radio-taxi! ;-)
C'est un rendez-vous!

11.11.07

Le chat mort

Je sors de chez moi pour entamer ma nuit quand je vois sur le pavé juste de travers sur une ligne pointillée, un chat qui vient de venir à bout de sa neuvième vie. J'connais pas mal tous les minous qui errent dans mon quartier. Je les vois au petit matin quand je rentre avec le premier métro ou encore en plein milieu de la nuit quand je viens refaire provision de café. J'leur parle pis j'les regarde dans les yeux. Y'a en a une couple qui me reconnaissent pis qui viennent se frotter un brin sur mes bas de pantalons. Tranquillement, j'leur gratte le derrière des oreilles en leur disant bon matin. Eux autres au moins, ils ne te regardent pas avec un air bête quand tu leur souris!

Mais ce chat-là, bien « effouaré » sur l'asphalte, je ne l’avais jamais vu. Un chat de type espagnol avec un beau collier pis un beau pelage qu'on devait brosser avec soin. Je voyais bien que c'était un chat qui devait pas être trop trop sorteux. Un chat qui ne devait pas être au courant qu'un char, ça va vite pis ça cogne fort. Y'n’a pas eu de chance. Peut-être a-t-il profité d'une inattention de ses maîtres pour prendre la poudre d'escampette pis aller voir dehors c'était quoi la vraie liberté! Peut-être pour un moment, profitait-il enfin de la vraie vie?

Pour l'heure, sa vie de chat était belle est bien finie. Dans mes allées et venues nocturnes, je suis passé une couple de fois à côté de la carcasse. Un moment donné j'ai tourné le coin en la contournant et j'ai saisi dans la manoeuvre, le regard d'un enfant sur le trottoir qui venait de passer de la bête à moi. J'ai haussé les sourcils comme pour dire : « C'est la vie...» Il m'a fait un demi-sourire qui disait : « Why life is so fucked up mister cab driver?» Quoique j'interprète peut-être. Ça pouvait tout aussi dire : « Maudits chauffards de merde! Pourriez pas faire attention où vous mettez vos roues ? Salauds!! » Va savoir...

Ma nuit terminée, j'étais assez soulagé de ne plus revoir la carcasse du félin dans la rue devant chez moi. Ce maudit chat m'avait miaulé dans l'âme toute la nuit. J'y avais vu un mauvais présage. La nuit s'est quand même bien passée. Je suis allé de Laval à Longueuil à Lachine et l'Impala ne m'a pas lâchée. J'ai parqué le taxi et j'en suis sorti en repensant quand même à cette bête comme d'autres pensent aux hommes morts sur des champs de bataille. Pis tout à coup, juste avant de monter les marches de mon appart' j'ai aperçu la carcasse raidie du chat mort que quelqu'un avait placé dans mes plates bandes.


J'ai songé qu'il y avait peut-être des gens quelque part qui cherchait leur chat. Une petite boule de poil qui bouffe pis qui chie. Une petite affaire vivante qui nous réchauffe pis nous rend un peu plus humains... J'me suis souvenu des chats que j'ai eus, pis d'une vieille chatte qui m'a fait brailler quand y'a fallu que je la fasse « piquer». Je suis monté chez moi et j'ai pris un grand sac vert. J'ai pris une grande respiration et j'ai saisi le chat mort par la queue pour le mettre dans le sac. J'ai eu une pensée pour ceux qui ont aimé cette bête. J'ai regardé le ciel qui commençait à changer lentement de couleur. Pis je suis monté écrire ce texte pour m'en souvenir.

5.11.07

Le Compteur


On a beau reculer nos horloges, on ne peut arrêter le temps de passer.

J'ai passé une partie de la veillée à Dunham pour célébrer les cinquante ans de mon chum Chansigaud et je reviens vers Montréal pour tout au moins payer la location de mon vieux taxi qui ne passera probablement pas l'hiver.

Je regarde l'odomètre qui est à 199941 en pensant que je suis à la veille de faire vivre à cette vieille carcasse son deux centième mille miles (mon boss a acheté des chars dans des encans aux États et les compteurs sont en miles plutôt qu'en kilo).

Je repense à la fête et au temps qui passe. J'ai revu là bas des gens que je n'avais pas revus depuis 10-12 ans. Je songe que la vie passe vite quand on s'y arrête.

Je repense ensuite à ce jeune homme que j'ai embarqué la veille à la fermeture des bars.

Je roule sur la rue Saint-Paul dans le vieux en avant des Deux Pierrots quand je le vois qui s'approche vers moi avec un bras dans les airs. Je reconnais l'attitude d'un jeune en fin de party qui a trop bu mais qui a dégrisé d'un coup sec. Quand il ouvre la portière, j'entends ses amis qui lui disent : « C'mon Frank! Qu'est-ce tu fais Frank? Va-t-en pas Frank!» Il me demande de l'amener sur la Rive-Sud via le pont Mercier.

C'est un bon voyage et je me demande dans quel état d'esprit se trouve le jeune. Je n'ai pas envie de me retrouver là-bas avec quelqu'un qui se pousse ou qui n'a pas d'argent. Je lui demande si ça va. Il ne répond pas. Je songe à ranger le taxi pour le débarquer, mais au feeling je sais que le jeune n'est pas malin. Je lui demande qu'est-ce qui se passe? S'il s'est battu?

— Il se passe la même maudite affaire qu'il s'est toujours passé dans ma vie. C'est juste de la crisse de marde pis j'm'en vas me tuer.

—...

Chemin faisant il me raconte sa vie pis ses malheurs. Le kid a 18 ans et commence juste a avoir un peu de poil au menton. La fille avec qui il a toujours été à fait de l'oeil a un autre. Il lui a cassé la gueule pis il se pousse. Rien de catastrophique, mais il sent que la vie se dérobe sous ses pieds et je l'écoute me raconter ses peurs, ses rêves, ses déboires. Je traverse le pont en lui disant qu'on ne se jette pas en bas pour une fille. Que la vie est trop courte. Mais il a la face dans son malheur et j'ai l'impression qu'il peut quand même faire une connerie. Je continue à lui faire sortir le méchant...

Pas besoin d'avoir des centaines de mille miles au compteur pour sentir le poids des ans. Malgré son jeune âge, il parvient à me toucher avec son vécu d'enfant bardassé, d'ado laissé pour compte.

Je reviens en ville et repense à ce jeune. Je n'ai pas vu les 999999 se changer en zéros. Ça indique 200002 et me rends bien compte que dans un sens comme dans l'autre, c'est du pareil au même. La roue continue de tourner. J'ai beau reculer mon horloge d'une heure. Elles vont continuer de se rajouter au compteur.

1.11.07

Où on va?

Ces temps-ci, les débats engendrés par la Commission Taylor-Bouchard sur les accommodements raisonnables reliés aux différences culturelles provoquent beaucoup de réactions. Dans mon taxi, il en est souvent question. Ça va dans un sens comme dans l'autre et j'aime bien en discuter avec mes passagers. Y'a du bon comme du moins bon dans chaque opinion. Chaque partie y trouve son compte. C'est ce qui fait évoluer les idées.

Malheureusement, j'ai également à mon bord des gens d'ici qui m'abreuvent de leur intolérance envers leurs concitoyens. Ce n'est pas la majorité de ma clientèle qui déverse sa xénophobie dans mon véhicule, mais on dirait qu'on a plus tendance à se souvenir de cette minorité gueularde, pernicieuse et bien souvent contagieuse. Ce sont souvent ces mêmes individus qui croient détenir la vraie vérité. Ils ont des idées bien arrêtées. Difficile d'avancer dans ce temps-là...

Le métier que je fais me permet de côtoyer des gens qui viennent de partout dans le monde. Parfois, ce sont des touristes, mais le plus souvent qu'autrement ce sont des gens qui ont quitté leurs pays pour venir s'installer ici. Je me sens vraiment privilégié de faire le tour du monde en faisant le tour de ma ville. À jaser avec ces gens venus d'ailleurs, on se rend souvent compte que ce sont des ailleurs qui sont loin d'être meilleurs. Je me sens vraiment chanceux d'être né ici. Dans un pays où y'a pas de guerre, pas de famine, pas de grands désastres. Dans un pays où les gens se respectent. La plupart du temps...

En même temps, ces immigrés, expatriés, réfugiés se retrouvent pour la durée du trajet en compagnie d'un Québécois de "souche". Une denrée rare dans l'industrie du taxi. Je fais partie d'une minorité visible. Je me fais passer la remarque combien de fois dans une soirée? Vous êtes d'ici? T'es Québécois? Si l'on me donnait un dollar à chaque fois, c'est sûr que je pourrais payer mon compte d'électricité à la fin du mois! ;-) Mais à force, ça en devient épuisant de se faire demander continuellement d'où on vient...

Je préfère demander où on va?

(...)


Je vous invite à prendre un peu de temps pour lire cette
lettre ouverte des Québécois de "souche" contre l'intolérance.